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Abécédaire des comparatistes de Paris Ouest Nanterre
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A comme
Abécédaire. Cet abécédaire a été rédigé à l’occasion de la publication du livre collectif Nanterre en toutes lettres. Les cinquante ans du département de littératures française et comparée, paru en 2014 aux Presses Universitaires de Paris Ouest, sous la direction de Pierre Hyppolite et Guillaume Peureux (ISBN : 978-2-84016-187-5), dans le cadre de la célébration des 50 ans de l’Université de Nanterre. Il est le fruit de la contribution des enseignants-chercheurs qui sont membres du centre « Littérature et Poétique comparées », depuis la date indiquée entre parenthèses, ou qui l’ont été : Carole Boidin (2011), Camille Dumoulié (1996), Véronique Gély (2004-2008), Karen Haddad (2005), Frédérique Leichter-Flack (2004), Jean-Claude Laborie (2010), William Marx (2009), Jean-Yves Masson (1998-2005), Sylvie Parizet (1998), Emmanuel Reibel (2003), Philippe Zard (2000).
Antiquité. L’Antiquité gréco-romaine fait partie intégrante des domaines d’exploration du Centre de recherches en Littérature et Poétique comparées. Les liens entre mythe et littérature, en particulier, rassemblent de longue date une vaste équipe du Centre, dont la revue électronique porte le nom de Silène, divinité grecque de l’inspiration joyeuse. Des études plus précises ont été menées sur différents héritages supposés de l’Antiquité, montrant les ambiguïtés de cette généalogie. William Marx a publié en 2012 une étude intitulée Le Tombeau d’Œdipe. Pour une tragédie sans tragique (Éditions de Minuit) qui retrace la façon dont les pratiques occidentales de la tragédie se sont définies par référence à la tragédie grecque tout en déformant notre perception de cette dramaturgie ancienne, qu’il évoque au moyen de travaux d’antiquisants et de comparaisons avec d’autres dramaturgies du monde. Carole Boidin a étudié les réceptions européennes du roman antique en les comparant à celles de certaines traditions narratives arabes, pour mieux interroger, en retour, les pratiques de la fiction et du récit dans l’Antiquité et la culture arabo-musulmane de l’époque classique. Ces comparaisons montrent la relativité de la notion même d’Antiquité, tout en mettant en valeur la productivité intellectuelle et artistique qu’elle a pu manifester. A chacun son Antiquité, telle semble être la meilleure façon de définir notre approche, qui invite également aux rapprochements et au partage de cet héritage multiforme et véritablement « silénien ».
Archéologie du littéraire. L’appellation de littérature n’a guère plus de deux siècles à son actif. Le terme s’imposa vers l’époque romantique pour désigner ce qu’on nommait autrefois poésie ou belles- lettres – ou qui n’avait peut-être même pas de nom : on composait des fables, des contes, des épopées, des comédies, des mémoires, toutes sortes de choses, mais on ne faisait pas de littérature. Il y a donc fort à parier que les qualités attribuées généralement à la littérature en tant que telle (universalité, impersonnalité, littérarité, autonomie, etc.) ne sont pas plus anciennes que le nom lui-même, même si l’on a souvent tendance à vouloir retrouver ces qualités dans des œuvres bien antérieures à l’époque romantique ou dans des cultures totalement étrangères à la tradition européenne. Faire l’archéologie du littéraire, c’est précisément vouloir échapper à cette dictature du mot littérature, en replaçant les œuvres anciennes ou lointaines dans un écart épistémologique indispensable à leur appréhension correcte. C’est aussi examiner l’évolution même du statut et de la fonction de la littérature à l’époque moderne. Il s’agit en fin de compte de faire l’histoire différentielle de ce qu’on nomme aujourd’hui littérature, mais qui ne l’a pas toujours été. L’entreprise, éminemment comparatiste (car il y a un comparatisme dans le temps comme dans l’espace), concerne l’Antiquité (voir ce mot, ainsi que Tragédie) mais pas seulement. On retrouve l’archéologie du littéraire et l’histoire de l’idée de littérature dans les recherches de Carole Boidin sur la culture arabo-musulmane de l’époque classique comme dans la thèse de William Marx sur l’invention de la critique formaliste au xxe siècle (Artois Presses Université, 2002), dans ses enquêtes sur les lettrés (voir Lettrés) ou dans L’Adieu à la littérature : histoire d’une dévalorisation (xviiie-xxe siècle) (Éditions de Minuit, 2005). Ces travaux donnent l’occasion de collaborations fructueuses avec d’anciens membres ou des correspondants du Centre comme Véronique Gély (université Paris- Sorbonne), Ute Heidmann (université de Lausanne) et Florence Dupont (université Paris Diderot).
Artaud. Antonin Artaud n’est pas que l’auteur du Théâtre et son Double, comme on le croit parfois, oubliant les 26 tomes qui composent ses Œuvres complètes. Ecrivain, poète, mythographe, ésotériste, dessinateur, acteur, metteur en scène, scénariste et tragédien, mystique et matérialiste intégral, sublime et abject, fou et extralucide, pathétique et grotesque, clown et nouveau messie, philosophe et imprécateur, le pauvre Antonin Artaud, qui se voulait intouchable et incomparable, a offert bien malgré lui une pitance de choix aux comparatistes. D’autant que, tout au long du XXe siècle, il a entraîné dans son sillage nombre de philosophes, d’acteurs, de peintres et de poètes qui sont devenus presque indissociables de son nom. S’il est dérisoire de vouloir donner à une discipline universitaire une prééminence dans l’approche d’un tel auteur, il faut néanmoins reconnaître l’intérêt des études spécifiquement comparatistes de son œuvre, telles qu’elles ont pu être menées par certains chercheurs de Paris Ouest, aussi bien à la faveur de leur thèse de doctorat, comme celle de Jonathan Pollock, publiée sous le titre Le Rire du Mômo. Antonin Artaud et la littérature anglo- américaine (Kimé, 2002), ou celle de Gérald Garutti (en cours) sur la dramaturgie de la Révolution chez Brecht et Artaud, qu’à la faveur d’une recherche personnelle suivie (ainsi les ouvrages de Camille Dumoulié : Nietzsche et Artaud, PUF, 1992 ; Antonin Artaud, Le Seuil, 1996 ; Artaud, la vie, Desjonquères, 2003), ou à l’occasion d’un colloque international à l’instar de celui qui s’est tenu à Nanterre lors du cinquantième anniversaire de la mort d’Artaud (Les Théâtres de la cruauté. Hommage à Antonin Artaud, Desjonquères, 2000). Au cœur des avant-gardes théâtrales mondiales, l’œuvre d’Artaud suscite l’intérêt de chercheurs qui, du Japon, de Corée, de Chine, des USA, d’Amérique latine, engagent avec elle un dialogue des cultures, comme l’atteste la thèse en cours de Sung Jin Park consacrée à L’étrangeté dans l’œuvre d’Antonin Artaud. Un tel intérêt est indissociable de la recherche sur le théâtre du XXe siècle. On peut citer en exemple la thèse d’Arnaud Marie, Le Théâtre de Jean Genet, Pier Paolo Pasolini et Federico Garcia Lorca : la cérémonie impossible. Frontières et marges de la représentation, ou mentionner l’étude de l’œuvre de Carmelo Bene, menée depuis longtemps au sein du centre Littérature et Poétique comparées, qui a fait l’objet d’un grand colloque organisé en janvier 2013 par les laboratoires Scène et Savoirs (Paris 8) et HAR (Paris Ouest) : D’après Carmelo Bene (actes parus dans la Revue d’Histoire du Théâtre, n° 263, juillet-septembre 2014).

Littérature et Poétique comparées – Université Paris Nanterre – UFR PHILLIA, bât. L – 200, avenue de la République – 92001 Nanterre Cedex