| Abécédaire des comparatistes de Paris Ouest Nanterre 
					  
M comme 
	Mille et une nuits.
	Histoire curieuse d’une jeune femme qui,
	connaissant les livres du monde entier, sut utiliser son savoir pour
	mettre fin à une violence aveugle et obscurantiste. Allégorie possible
	du comparatisme nanterrois (et objet de mille et un cours et travaux
	tenant en haleine un public avide de sensations fortes). Carole Boidin
	a consacré sa thèse à une comparaison entre ce recueil et l’histoire
	antique d’un âne avide d’histoires à sensations, autre allégorie du
	comparatisme. Outre cette thèse, Carole Boidin a publié des articles
	dans plusieurs ouvrages collectifs consacrés aux Mille et une nuits et
	organisera en 2015 un colloque international consacré aux rapports
	entretenus par la théorie littéraire à ce recueil.
    
 
	
	Musique.
	Bien représentée à Nanterre, l’étude des liens entre musique
	et littérature s’inscrit dans le sillage d’un comparatisme explorant
	les espaces d’intermédialités artistiques, autant que linguistiques ou
	culturelles. Un séminaire de recherche « musique et littérature :
	perspectives méthodologiques et voies de la recherche », organisé par
	Emmanuel Reibel en partenariat avec Béatrice Didier et l’Ecole Normale
	Supérieure, constitue depuis 2005 un observatoire de ce champ de
	recherche, dont certains travaux sont mis en ligne dans la revue
	Silène. De nombreux colloques et publications ont vu le jour : Faust
	ou la mélancolie du savoir (Desjonquères, 2003, dir. Jean-Yves
	Masson) ; Fascinations musicales. Musique, littérature et philosophie
	(Desjonquères, 2006, dir. Camille Dumoulié) ; Le Dictionnaire de
	musique de Rousseau et sa descendance européenne (Vrin, 2014, dir.
	Emmanuel Reibel). Des « rencontres musicales et littéraires » ont
	également été instituées à l’Université Paris Ouest en 2009 (actes
	publiés sur Fabula) et reprises tous les deux ans en partenariat avec
	d’autres universités. Dans le sillage de la thèse de Guillaume Bordry
	(« La musique est un texte » : histoire, typologie, et fonctions de la
	description littéraire de la musique, en particulier dans l’œuvre
	d’Hector Berlioz ») et de celle d’Emmanuel Reibel (L’Ecriture de la
	critique musicale au temps de Berlioz), plusieurs travaux ont porté
	sur la question des discours sur la musique, à l’image de la journée
	d’étude co-organisée par Guillaume Bordry sur la thématique « Musique,
	presse et littérature au XIXe siècle ».
    
 
	
	Mythe.
	Il n’est pas exagéré de dire que le mythe, ce « rien qui est
	tout », selon Pessoa (« O mytho é o nada que é tudo »), a occupé et
	continue d’occuper tous les comparatistes de Nanterre : dès la
	première année de licence, les étudiants travaillent sur les mythes
	littéraires, qui font l’objet de multiples cours et séminaires tout au
	long du cursus de Lettres, et la mythocritique est par ailleurs l’un
	des champs de recherche que la Littérature comparée ne cesse de
	croiser (pour reprendre une expression de Pierre Brunel, le
	comparatiste « ne sort guère de cette demeure grandiose » qu’est le
	mythe). Livres, travaux et colloques se sont donc succédé à Nanterre,
	depuis Le mythe d’Œdipe (Colette Astier, A. Colin, 1974) jusqu’au
	récent séminaire de William Marx sur l’Histoire du mythe et de l’idée
	de littérature, « Mythographie du lettré » (2009-2012), en passant par
	les ouvrages de Véronique Gély, à qui l’on doit la création de
	l’équipe « Mythopoétique », et ceux de Camille Dumoulié, qui a dirigé,
	entre autres, Le Mythe en littérature. Mélanges offerts à Pierre
	Brunel (PUF, 1999, en collaboration avec Yves Chevrel). Si nombreuses
	sont les publications nanterroises sur le mythe qu’il est impossible
	de les citer de façon exhaustive. Aux côtés des colloques et travaux
	qui visent à explorer les réécritures de tel ou tel mythe littéraire
	(pour ne citer que le seul XXIe siècle :
	Dédale et Icare, de Michèle
	Dancourt, CNRS éditions, 2002 ; Faust ou la mélancolie du savoir,
	Jean-Yves. Masson dir., Desjonquères, 2003 ; L’invention d’un mythe :
	Psyché 2006 ; Ganymède ou l’échanson, 2008 ;
	Prénom : Médée, de
	Michèle Dancourt et Emmanuel Reibel, éd. Des femmes, 2010 ;
	Le Défi de Babel, 2001 et Babel, ordre ou chaos ?, 2010),
	figurent des travaux qui font intervenir un « troisième terme » dont les enjeux sont
	réexaminés à la lumière de la mythocritique : « mythe, littérature et
	désir » (Don Juan ou l’héroïsme du désir, de Camille Dumoulié, PUF,
	1993 ; Le Désir, Littérales, n° 24, Camille Dumoulié dir., Université
	de Paris X-Nanterre, 1999) ; « mythe, littérature et
	musique » (Faust : la musique au défi du mythe, d’Emmanuel Reibel,
	Fayard, 2008) ; « mythe, Bible et littérature », ou encore « mythe,
	littérature et politique » (colloque en 2006 : Lectures politiques des
	mythes littéraires, Sylvie Parizet dir., Presses de Paris Ouest,
	2009 ; séminaire de recherche dirigé par Véronique Gély, en
	collaboration avec Anne Tomiche et le centre de recherche de Paris
	13 : Modernités antiques, Presses de Paris Ouest, 2013). Mais parce
	que le mythe, ce « poisson soluble dans les eaux de la mythologie »
	(M. Détienne) est sujet à caution, d’autres travaux enfin examinent
	les différentes approches critiques de cette « forme introuvable » :
	Eléments de Littérature comparée. II. Thèmes et mythes, Claude de
	Grève, Hachette, 1995 ; nombreux articles de Véronique Gély ; 
	Mythe et littérature, troisième numéro de 
	Poétiques comparatistes, Sylvie Parizet dir., Lucie éditions, 2008.
	On aimerait clore ici cette (trop brève, et lacunaire) énumération de façon plus poétique, avec
	Valéry : « Les mythes sont les âmes de nos actions et de nos amours »…
	Voir aussi Antiquité,
	Babel,
	Baroque,
	Désir,
	Bible,
	Ganymède,
	Musique,
	Politique.
    
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