| Abécédaire des comparatistes de Paris Ouest Nanterre 
					  
E comme 
	
	Ethique.
	Tout un champ de recherches a émergé, aux Etats-Unis
	notamment ces trente dernières années, autour de l’idée que la
	littérature pouvait et devait contribuer au questionnement permanent
	des normes morales inhérent au fonctionnement de la démocratie
	libérale, et plus généralement, au débat public sur les questions de
	droit et de morale. La littérature peut être ainsi une véritable
	« école de la réflexion morale » : non pas au sens où elle se
	chargerait de transmettre un contenu normatif préexistant (des
	« leçons de morale »), mais parce que la lecture des grands textes
	littéraires nous fait traverser une expérience morale : refuge de la
	complexité du monde, la fiction littéraire porte en elle une réserve
	de sens, une gamme de nuances que le raisonnement théorique ne peut
	atteindre. La démarche trouve une application « à la française » avec
	les travaux et enseignements de Frédérique Leichter-Flack  (Le
	Laboratoire des cas de conscience, 2012) et de Philippe Zard
	(« L’animal et l’homme », in La Métamorphose de Kafka, 2004).
	Différents cours proposés à Nanterre sous la rubrique « Ethique et
	littérature » parient ainsi sur la pertinence de la littérature pour
	décrypter les enjeux d’éthique contemporains.
    
 
	Etrangère (Œuvre).
	Une des originalités de l’enseignement en
	littérature comparée à Paris-Ouest est le module « Etude d’une œuvre
	de langue étrangère ». Parallèlement à la méthode traditionnelle qui
	confronte deux ou trois œuvres empruntées à différents domaines
	linguistiques, on y apprend à aborder en profondeur un seul (grand)
	texte sans céder sur l’exigence comparatiste : le texte « étranger » y
	est étudié pour lui-même, mais aussi à travers ses traductions, ses
	transpositions (musicales, plastiques, cinématographiques), sa
	réception.
    
 
	Europe.
	Si la littérature européenne n’est pas, loin de là, la seule
	étudiée à Nanterre (voir Brésil,
	Orient,
	Russes,
	Périphérie), elle
	figure dans nombre d’intitulés de séminaires ou de colloques. Depuis
	2007, notre Centre est associé au groupe de recherche européen « Lire
	en Europe Aujourd’hui », créé par Franc Schuerewegen (Universités
	d’Anvers et de Nimègue), qui relie à présent une vingtaine
	d’Universités, du Nord (Pays-Bas) au Sud (Espagne). Initiative
	originale de chercheurs en littérature française et étrangère, LEA
	rencontrait ainsi l’un des fondements de la littérature comparée, la
comparaison des lectures. A l’origine de nombreux colloques à
	l’étranger auxquels s’est associé notre centre (Porto, Anvers,
	Lisbonne, Cadix..), LEA a permis l’organisation par Karen Haddad, en
	2010, de la première Université d’été du département de Lettres
	modernes, sur le thème des études littéraires et de la globalisation,
	qui a accueilli et logé sur le campus de nombreux étudiants et
	enseignants européens. Au fil des années, plusieurs doctorants ou
	étudiants de master de Nanterre se sont retrouvés et se retrouveront
	encore dans les Universités d’été organisées sous l’égide de LEA.
    
 
	
	Ecriture de soi.
	
	Si les travaux de Philippe Lejeune sur l’autobiographie ont commencé à
	Nanterre, dans une perspective limitée à la littérature française,
	l’approche comparatiste, en passant les frontières, permet aussi de
	réfléchir à celles qui séparent les genres. Les distinctions entre
	autobiographie, autofiction, écriture de soi ou fiction de façon
	générale sont moins pertinentes dès qu’on les met à l’épreuve de
	traditions littéraires et de corpus différents. C’était le pari de
	Karen Haddad dans L’Enfant qui a failli se taire. Essai sur l’écriture
	autobiographique (Champion, 2005), et c’est un travail qui se poursuit
	à Nanterre à travers séminaires et thèses soutenues ou en cours
	(Aurélie Moioli, 2013). Un colloque sur « Les lieux de l’écriture de
	soi » aura lieu en 2015.
    
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