| Abécédaire des comparatistes de Paris Ouest Nanterre 
					  
B comme 
	
	Babel.
	Dans l’imaginaire collectif, l’épisode de Babel a longtemps été
		associé à des termes comme « orgueil, ruine et confusion », pour
		reprendre la triade affichée par Roger Caillois en couverture de son
		livre. Mais c’est l’autre face de ce mythe biblique, la « Babel
		heureuse » évoquée par Barthes, qui intéresse les comparatistes de
		Nanterre, comme en témoignent les travaux issus d’un colloque organisé
		en mars 2000 (Le Défi de Babel. Un mythe pour le XXIe siècle,
		Desjonquères, 2001, recueil auquel ont notamment contribué Camille
		Dumoulié, Jean-Yves Masson et Philippe Zard), ou encore l’essai de
		Sylvie Parizet (Babel : ordre ou chaos ?, Ellug, 2010). Voir dans la
		diversité des langues et des cultures une inestimable richesse, et
		consacrer la « bénédiction de Babel », n’est-ce pas là l’essence même
		du comparatisme ? Voir aussi Bible, 
		Mythe.
    
 
	
	Baroque.
	La tenue d’un colloque en mars 2011 « Vanités d’hier et
	d’aujourd’hui, ou la permanence de l’éphémère », publié par Jean-
	claude Laborie en deux parties dans les revues électroniques Épistémé
	(Paris 3) et Textimage (Lyon 3) a permis de réintégrer le corpus
	baroque aux activités d’un centre qui a toujours développé les
	croisements entre les arts, après le séminaire de recherche sur les
	« mythes de l’Europe renaissante et baroque » animé par Véronique Gély
	entre 2005 et 2008 (voir dans Silène les articles de Didier Souiller,
	Jean Canavaggio, Alexis Tadié, Zoé Schweitzer,  François Laroque,
	Paule Desmoulière) et la publication, en 2006 de son livre L’invention
	d’un mythe : Psyché. Allégorie et fiction, du siècle de Platon au
	temps de La Fontaine (H. Champion) ; voir aussi Ganymède.
    
 
    
	Bible.
	L’étude de la Bible envisagée d’un point vue littéraire, si
	prisée des Anglo-saxons, a tardé à s’imposer en France (les ouvrages
	d’Alter ont mis plus de vingt ans à être traduits dans notre
	langue !)… sauf à Nanterre : dans les années quatre-vingt, déjà, les
	étudiants de licence pouvaient suivre un tel cours, qui fait désormais
	partie intégrante du cursus des études de Lettres, et de nombreux
	travaux et séminaires ont été et sont toujours consacrés au « Livre
	des livres », selon des approches critiques très variées. Aux confins
	de la philosophie, de l’exégèse et de la littérature, tout d’abord,
	dans le domaine de  l’herméneutique (Paul Ricoeur a été Doyen de la
	Faculté de Nanterre) : on peut évoquer ici les travaux d’Anne-Marie
	Pelletier (D’âge en âge les Ecritures. La Bible et l’herméneutique
	contemporaine, Lessius, 2004), ou le colloque « Herméneutique biblique
	et création littéraire » qui s’est tenu en 2006 à Nanterre (Les
écrivains face à la Bible : herméneutique et création, Le Cerf, 2011,
	dir. Jean-Yves Masson et Sylvie Parizet). Mais aussi dans le domaine
	de la « poétique du récit » : on songe au colloque sur « Le Livre et
	le roman » organisé en 2011 par Karen Haddad, Elise Duclos et Sandra
	Cheilan (Livre et roman aux XX et XXe siècles, actes parus dans la
	revue Silène). Ou encore dans celui de la mythocritique (fort
	logiquement, puisqu’il s’agit là d’une autre spécialité nanterroise,
	voir « Mythe ») : Figures bibliques, figures mythiques (dir. Cécile
	Hussherr et Emmanuel Reibel, ed. rue d’Ulm, 2002), travaux sur le
	mythe d’Isaac (journée d’étude en 2010, publiée dans Silène) ou sur
	Babel. Mais les études sur la Bible s’inscrivent aussi, de façon
	novatrice, au carrefour d’un autre champs de recherche, les études
	postcoloniales : séminaire sur le lien paradoxal que la littérature
	des anciens pays colonisés entretient avec la Bible, travaux de
	doctorants et jeunes chercheurs (Chloé Angué achève une thèse sur
	« L’imaginaire biblique dans la littérature du Pacifique »). Un
	dernier  chantier, enfin, auquel participent de nombreux nanterrois,
	tente d’offrir une synthèse des travaux suscités par le champ de
	recherche « Bible et Littérature », un Dictionnaire encyclopédique de
la Bible dans la littérature mondiale (à paraître aux éditions du Cerf
	sous la direction de Sylvie Parizet).
    
 
	
	Brésil.
	L’étude des liens culturels et littéraires qui unissent la
	France et le Brésil constitue un axe de recherches comparatistes
	original, développé de longue date à Paris Ouest. Il a été inauguré
	par Pierre Rivas, actuellement maître de conférences honoraire, puis
	repris par Michel Riaudel, alors ATER, qui a soutenu en 2007 une thèse
	intitulée Intertextualité et Transferts (Brésil, Etats-Unis, Europe) :
	Réécritures de la Modernité Poétique dans l’œuvre d’Ana Cristina
Cesar, sous la direction de Colette Astier, et qui poursuit un travail
	de passeur culturel entre la France et le Brésil par ses nombreuses
	traductions, publications et directions d’ouvrage. A l’occasion de
	l’année du Brésil en France, avec Pierre Rivas, il a codirigé un grand
	nombre d’ouvrages et de numéros de revues consacrés à la littérature
	brésilienne. Cette même année, le centre de recherches en Littérature
	et Poétique comparées a organisé Les Journées brésiliennes de Nanterre
	qui, pendant près d’un mois, ont donné lieu à une série de
	manifestations dédiées à tous les aspects de la culture brésilienne :
	littérature, cinéma, danse, musique, capoeira, art culinaire, etc. De
	2006 à 2008, le centre a été partie prenante du programme de
	coopération universitaire entre la France, le Brésil et le Chili,
	ARCUS 7 – Île de France (Actions en Régions de Coopération
	Universitaire et scientifique). Dans ce cadre, Camille Dumoulié a
	dirigé le projet « Croisement d’écritures-France/Brésil/Chili » qui a
	été l’occasion de nombreux échanges et collaborations avec les
	universités brésiliennes (São Paulo, Rio de Janeiro, Fortaleza, Natal,
	Recife, Salvador de Bahia, Porto Alegre, etc.). Parmi les publications
	liées à ces manifestations, on peut citer le recueil collectif
	codirigé par C. Dumoulié et M. Riaudel : Le corps et ses traductions,
	Desjonquères, 2008, publié en portugais dans Silène : O Corpo e suas
	traduções (http://www.revue-
silene.com/f/index.php?sp=colloque&colloque_id=8). Depuis lors, le
	centre de recherches organise régulièrement des colloques,
	manifestations ou publications conjointes avec des universités
	brésiliennes, ainsi, en 2013, le colloque Les Maudits sous les
	Tropiques, qui s’est tenu pour une part à l’Université de São Paulo
	et, pour autre part, à Paris Ouest. Ces dernières années, cet axe a
	été renforcé par la présence et l’activité de Jean-Claude Laborie dont
	les travaux portent sur la mission jésuite au Brésil (Mangeurs d’homme
	et mangeurs d’âme, une correspondance missionnaire au XVIe, la lettre
jésuite du Brésil, 1549-1568, Honoré Champion, 2003), la littérature
	de voyage et l’étude des transferts culturels France-Brésil. A ce
	titre, il a dirigé l’ouvrage collectif : Excessives Amériques.
Héritage et transfert culturel (Desjonquères, 2011). Enfin, le nombre
	croissant de thèses comparatistes portant sur le domaine brésilien,
	ainsi que celui des échanges entre professeurs et étudiants des deux
	pays, dans le cadre du centre de recherches, attestent la vitalité de
	cet axe.
    
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