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•  De Shylock à Cinoc. Essai sur les judaïsmes apocryphes

 Cet essai se compose de trois moments, dotés chacun de sa logique propre, placés toutefois dans un horizon commun : l’exploration des métamorphoses et anamorphoses littéraires de la question juive dans une Europe chrétienne et postchrétienne.

La première partie (« Les avatars du Juif charnel ») consiste en une relecture de trois textes majeurs : Le Marchand de Ve nise de Shakespeare (1596), Nathan le Sage de Lessing (1779) et Ulysse de Joyce (1922). Ces œuvres ont ceci de commun que, encore arrimées à la théologie, elles tentent de s’en affranchir pour appréhender en termes profanes une seule et même question : quelle place et quel sens donner au Juif « selon la chair » (notion empruntée à Saint-Paul), autrement dit à cette part du peuple juif non résorbée dans l’Église et restée « en souffrance » dans la construction des sociétés modernes ?

La deuxième partie (« L'invention du judéo-christianisme, l'héritage littéraire d'Hermann Rauschning ») est une réflexion sur un livre étonnant et oublié, paru en 1943 aux États-Unis, recueil de dix nouvelles écrites par des écrivains antinazis (parmi lesquels Thomas Mann, Franz Werfel, Rebecca West, Bruno Frank, Sigrid Undset, Jules Romains, André Maurois) sur le thème de la défense de l'héritage mosaïque : Les Dix Commandements. Récits sur la guerre d’Hitler contre la loi morale . Il s'agit de la première étude sur cet ouvrage dans lequel s'élabore la notion – plus problématique qu’elle n’en a l’air – d'héritage judéo-chrétien.

La troisième partie porte sur ce que l’on appellera, faute de mieux, les « néo-marranismes littéraires », autrement dit sur la manière dont, sur fond de tradition religieuse en déshérence ou de fractures généalogiques, certains écrivains modernes ont réinventé leur judéité. L’écriture devient le lieu critique où s’opère cette mutation : elle est à la fois le signe de la distance infranchissable de l’origine et le lieu où celle-ci réapparaît, sous des modalités nouvelles, qui vont de l’ostentation histrionique à des encodages autobiographiques, en passant par toutes les formes de l’hybridation, de la traduction, de la transposition ou de la conversion. Mille et une manières non spécifiquement religieuses de judaïser se trahissent dans des textes de Franz Kafka, Walter Benjamin, Joseph Roth, Georges Perec ou Patrick Modiano.

Mise en scène du « Juif charnel » dans une Europe chrétienne en voie de sécularisation, réévaluation critique de l’héritage spirituel et moral du judaïsme sous la pression tragique de l’Histoire, réinscriptions subjectives de la judéité dans l’écriture par des écrivains en rupture de ban : tels sont les trois moments que se propose ce travail.

Table des matières

Compte rendu de Maxime Decout sur Fabula
Compte rendu d'Alexis Nuselovici sur La Vie des idées

Littérature et Poétique comparées – Université Paris Nanterre – UFR PHILLIA, bât. L – 200, avenue de la République – 92001 Nanterre Cedex