20 mars 2009, Nanterre, salle des conférences du bâtiment B
Présentation
Coordination générale
Emmanuel Reibel (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)
emmanuel.reibel@tele2.fr
Coordination des journées d’étude
méthodologiques
Timothée Picard (Université de Rennes 2)
Coordination des journées d’étude
thématiques
Guillaume Bordry (Université Paris Descartes) et
Marie-Hélène Rybicki (Université de Potsdam)
Participants *** ***
Programme
Partie Journée d'étude :
La critique musicale au XIXe
siècle - Entre journalisme et littérature
Le développement de la presse au XIXe
siècle a favorisé l’essor du journalisme musical. En plus des revues musicales
spécialisées, l’actualité musicales’est vu accorderune place de
choix dans les feuilletons des quotidiens, les articles des revues littéraires,
les journaux théâtraux, les revues satiriques et les magazines de mode.
Dans certains de ces périodiques,
les « nouvelles, contes et romans artistes » prennent une importance
non négligeable. Ils servent non seulement des fins publicitaires mais
permettent aussi à un public, peu rompu à l’exercice critique ou manquant
peut-être de critères d’appréciation, d’appréhender la réalité musicale
contemporaine. La nouvelle musicale apparaît donc comme un moyen de diffuser et
de « vulgariser » des idées philosophiques (comme la question du
génie), de défendre des points de vue esthétiques (par exemple sur la
virtuosité) ou d’exposer des polémiques (la guerre de « l’harmonie contre
la mélodie », de l’opéra italien contre l’opéra allemand) que l’actualité
musicale met à l’ordre du jour. Particulièrement sous la Monarchie de Juillet,
ces récits fictifs, où invention littéraire et vocabulaire « technique »
se mêlent allègrement, deviennentl’un
des plus importants lieux où musiciens et littérateurs expriment leur opinion.
Parallèlement à la présence de la
nouvelle musicale dans la presse, la critique musicale cherche, après maints
tâtonnements, à s’affirmer en tant que telle. Le recours fréquent aux
anecdotes, la confusion entre recension objective et évocation poétique,
l’imbrication de la terminologie musicale et des fioritures littéraires rendent
parfois impossible l’établissement d’une distinction franche entre journalisme
musical et écriture littéraire. Progressivement, divers chroniqueurs s’élèvent
contre « cette foule d’excellents littérateurs qui divaguent de la manière
la plus comique en parlant d’un art dont le plus grand nombre n’ont même pas
l’instinct »[1] et
procèdent à une « critique de la critique ». On sait que, pour
contrecarrer « l’insipide radotage » qui inondait les journaux de son
temps en matière de musique, Fétis revendiqua – à sa façon – la spécialisation
de la critique tout en restant accessible au plus grand nombre. Soucieuse de
recevoir les lettres de noblesse qui lui font défaut, la critique musicale
s’efforce d’instaurer un discours qui lui soit propre et à asseoir la
crédibilité de ses critères de jugement.
L’objectif des journées d’étude est
d’approfondir la réflexion sur la perméabilité des frontières entre fiction et
critique musicales après 1830, et de mesurer l’influence qu’elles exercent
l’une sur l’autre. La littérature musicale dessert-elle la critique, ou bien
l’auteur de nouvelles musicales se fait-il, autant que le critique,
l’intermédiaire entre le public et le compositeur ? Comment la critique
musicale s’émancipe-t-elle de la fiction ? Quelles sont les prétentions musicales
des écrivains, et les prétentions littéraires des musiciens ou des
musicographes ?
Au-delà du cas exemplaire d’E.T.A.
Hoffmann ou de celui de Berlioz, à la fois compositeurs, critiques musicaux et
écrivains, il s’agit d’élargir le champ d’observation de l’interpénétration du
journalisme et de la littérature.En
s’appuyant notamment sur l’étude historique, littéraire ou musicologique des
nouvelles et des articles, on cherchera à étendre les réflexions proposées sur
ces questions par Angelika Waschinsky[2], Matthias Brzoska[3],
Katharine Ellis[4] ou
encore Emmanuel Reibel[5].
Marie-Hélène Rybicki et Guillaume Bordry
[1] Cf. Castil-Blaze, Article
“Journal de musique”, Dictionnaire de la
musique moderne, Paris, Magasin de la Lyre Moderne, 1821, p. 321.
[2] A.
Waschinsky, Die literarische Vermittlung von
Musik und Malerei in den Künstlernovellen des 19. Jahrhunderts,
Francfort/Main, Peter Lang, 1989.
[3] Cf.
M. Brzoska, Die Idee des Gesamtkunstwerks
in der Musiknovellistik der Juli‑Monarchie, Bayreuth, Laaber, 1995.
[4] Cf. K. Ellis, „The Uses of
Fiction : contes and nouvelles in the Revue et gazette musicale de
Paris, 1834-1844“, Revue de
musicologie Tome 90, n° 2, 2004,p.
253-281.
[5]Cf. E. Reibel, L’écriture de la critique musicale au temps
de Berlioz, Paris, Librairie Honoré Champion, 2005. Consulter le fichier